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Page d'accueil » 2009 » Octobre » 6 » La Reine des anges
12:45 PM
La Reine des anges




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Greg Bear

Robert Laffont, 1993

Queen Of Angels, 1990


Dans le Los Angeles de 2047, les serial killers ne sont plus chose courante. D'abord, parce qu'une bonne partie de la population est passée par une « thérap » qui, en principe, met à l'abri de ce type de dérive désagréable. Les traitements psychiques ont fait de sacrés progrès ! Ensuite, parce que les « Sélecteurs », un groupe de justiciers fanatiques qui considèrent que la thérapie ne constitue pas une véritable punition pour les criminels, veillent. Et il n'est pas bon, lorsque l'on est un criminel et que l'on tombe entre leurs mains, de se retrouver coiffé d'une « couronne d'enfer ». Les tortures psychiques qu'elle fait endurer aux présumés coupables (on se trompe parfois, bien sûr) ne sont pas de celles que l'on parvient aisément à oublier. Certains y réfléchissent à deux fois avant de s'engager dans la voie du crime. En tout cas, ils ne recommencent pas, après une petite séance (illégale) de couronne...

Et pourtant, le poète Emmanuel Goldsmith a égorgé, semble-t-il sans raison, huit de ses admirateurs. L'enquêtrice Mary Choy sera chargée de résoudre ce troublant mystère et surtout de retrouver Goldsmith avant qu'il ne tombe entre les mains des Sélecteurs.

La reine des anges est bien, cela ne fait aucun doute, un roman typiquement américain. Pas seulement parce ce que Greg Bear accorde une importance démesurée à la poésie, genre qui, depuis bien longtemps chez nous, n'intéresse plus personne (1), mais aussi parce qu'on y parle de la définition du bien, du mal et de la justice. Rien moins !

Il y est aussi question, et c'est peut-être là le plus intéressant pour nous, de la définition de la conscience.

En même temps que Mary Choy poursuit son enquête improbable et s'empêtre dans de fausses pistes dont l'une, fertile en rebondissements, la conduira jusqu'en Hispaniola (plus ou moins l'ex-Cuba, qui continue à exaspérer l'Oncle Sam), une sonde spatiale, avec à son bord la première intelligence artificielle, scrute avec espoir d'éventuelles traces de vie un peu futée au large d'une étoile proche. Ce sera une terrible déception, mais faute de trouver la vie, sous le choc, l'intelligence artificielle acquerra ce qui est peut-être une forme de conscience (l'énorme « JE » qui s'étale page 445 nous le laisse fortement supposer). Cet épisode, très réussi, ne manquera pas, a contrario, de vous remettre en mémoire telle mésaventure célèbre...Dave. Stop. Stop. Will you. Stop, Dave. Stop, Dave. I'm afraid. I'm afraid. Dave. Dave. My mind is going. There is no question about it. I can feel it. I can feel it. I can feel it. I'm afraid...

Mary Choy, pour sa part, ne manque pas de conscience. Elle ferait même plutôt figure de bonne conscience, face au monde qu'elle va découvrir en Hispaniola. À sa grande surprise, elle va se rendre compte que le reste du monde ne raisonne pas nécessairement comme... les Américains ! Voilà le type de situation qui, généralement, provoque les ricanements du lecteur français de mauvais esprit qui sait que le reste du monde ne raisonne pas comme lui (tout en s'en moquant, il ne faut pas exagérer). Pourtant, Greg Bear se tire de ce poncif avec brio, parce qu'il parvient à rendre à merveille l'atmosphère étrange et inquiétante d'Hispaniola en révolution, tout en jouant sur la personnalité déroutante du dictateur de l'île, soupçonné de cacher son ami Goldsmith.

Mais Goldsmith ne se trouve pas en Hispaniola. Il est aux mains de l'influent et sévère Thomas Albigoni, dont la fille fait partie des victimes du poète, et qui veut à tout prix comprendre le pourquoi de ce geste horrible. Albigoni fait appel à un spécialiste en disgrâce, Martin Burke, pour qu'il « sonde » le « Pays de l'Esprit » du poète.

L'exploration du « Pays de Goldsmith » par Martin Burke et sa collaboratrice Carol constitue un très grand moment, qui, à lui seul, rend la lecture de La reine des anges indispensable. Rarement une impression de malaise, d'inquiétude, voire même de peur panique aura été rendue avec une telle intensité. On ne sort pas intact de cette délirante enquête psychique, et c'est en hurlant de terreur que Burke s'éveillera du cauchemar. Il conservera l'impression qu'une partie de la hideuse personnalité de Goldsmith s'est glissée insidieusement dans son esprit pour le contaminer...

L'explication de la chute de Goldsmith s'avère finalement assez décevante. Encore les traumatismes de l'enfance et les parents indignes...

Mais c'est sans grande importance. Greg Bear est parvenu avec habileté à mener en parallèle deux histoires qui se répondent : celle de l'acquisition de la conscience par une machine, l'intelligence artificielle, et celle de la perte de la conscience par un homme, le poète déchu. On s'en doute bien, les problèmes du bien, du mal, de la justice et de la conscience n'auront pas été résolus, mais Greg Bear est un excellent illusionniste : l'espace d'un roman, le lecteur aura eu l'impression d'avancer... avant de revenir à la case départ.

Et puis, et ce n'est pas banal, ce roman devrait plaire à Pierre Stolze. Certes, notre critique acéré ne manquera pas de relever dans La reine des anges, de ci, de là, quelque épisode inutile à la progression de l'intrigue, quelque digression psychologique mal venue, mais Greg Bear, en fin renard (2) sentant venir les coups, ne fait-il pas dire à son héros Martin Burke, perdu dans le Pays du démoniaque Goldsmith, qu'il « connaissait le pouvoir de sa barrière métaphorique, dans une zone où les métaphores étaient tout » ?


Joseph Altairac




(1) Enfin, c'est de la SF, on peut toujours imaginer un univers dans lequel la poésie aurait de l'intérêt.

(2) Fin renard, mais qui peut se faire piéger. Par exemple, on lit, p.30 : « l'énergie électrique [...] fut utilisée par MESA pour démontrer le système de propulsion antimatière, pour le réduire en gine poudre à l'aide de nanomachines de destruction et projeter électriquement ces déchets retraités dans le sens opposé à celui de son déplacement, afin de réduire encore davantage sa propre vitesse ». Or, il est bien évident que si les déchets sont rejetés dans le sens opposé à celui de son déplacement, la vitesse du système de propulsion va plutôt avoir tendance à augmenter (principe de l'action et de la réaction). Et que l'on n'accuse pas le traducteur Guy Abadia, l'erreur est la même dans la version américaine. La hard science est une dure maîtresse...




Yellow Submarine n° 108, mars 1994

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