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Le Printemps russe

Casus Belli n° 70, juillet-août 1992



denoel-pres24952.jpgNorman Spinrad


Russian Spring (1991)



Un nouveau Spinrad c'est toujours un événement. Depuis la mort de Dick, il y a déjà dix ans, Spinrad est, avec Silverberg, l'ateur amériain le plus intéressant, le plus oroche de notre sensibilité européenne. Et le fait qu'il vive à Paris depuis quatre ou cinq ans ne fait que renforcer cette caractéristique.


Le Printemps russe se situe dans la droite ligne de Rock Machine et des Années fléaux. Une SF à court terme, solidement ancrée dans la réalité contemporaine. Mais ici, pour la première fois, Spinrad a été rattrapé et dépassé par l'histoire avant même la parution du roman aux États-Unis — et à plus forte raison en France. Cela dit, je rappelle qu'un écrivain de SF n'est pas un futurologue ; il ne prétend nullement prédire quoi que ce soit , l'argument de tout roman de SF digne de se nom oeut eneffet se résumer à une phrase commençant par "Et si"… Dans le cas présent, à la vision des récents événements dans les pays de l'Est, ce serait : "Et si Gorbatchev avait pu poursuivre son œuvre de libéralisation dans une URSS communiste ?" Roman prospectif lors de sa rédaction, Le Printemps russe est devenu une uchronie au moment de sa parution, ce dont Spinrad s'explique dans une intéressante préface. Et, je vous rassure, ce "glissement" n'a eu aucune incidence sur la qualité du livre, bien au contraire !


pdf567-1996.jpgLa structure du roman, divisé en trois parties — L'automne américain, Le printemps russe et le Printemps américain —, parle d'elle-même. Jerry Reed, ingénieur à la Nasa, est contacté par l'Agence spatiale européenne pour travailler sur le projet de navette spatiale de la CEE. À Paris, il rencontre Sonia Garagrine, semi-espionne soviétique. Tous deux tombent amoureux l'un de l'autre et se marient. On les retruve une vingtaine d'années plus tard, toujours à Paris. Ils ont eu deux enfants : un garçon qui ne rêve que d'aller aux U$A et une fille fondamentalement prosoviétique. Leurs aventures dans leurs pays de prédilection respectifs — ainsi que les ennuis que doivent affronter leurs parents — forment l'ossature de la deuxième partie, ce qui done à Spinrad l'occasion de décrire des États-Unis paranoïaques, protectionnsites, qui se rplient à l'abri de l'Étoile d'Amérique — une sorte de super projet Guerre des Étoiles — et une URSS dynamique, toute entière tournée vers l'avenir, qui lorgne de plus en plus vers la CEE. Quant à la troisième partie, je préfère ne rien vous en dire, sinon qu'elle est construite autour d'un suspense politique haletant, dont le déroulement et la conclusion ne sont pas sans rappeler certains romans plus anciens de Spinrad, mais aussi les techniques utilisées par Robert Heinlein dans, par exemple, Citoyen de la Galaxie ou Révolte sur la Lune.


foliosf007.jpgComment ? allez-vous me dire. Comparer un gauchiste comme Spinrad à ce vieux fasciste de Heinlein ? D'abord, ce dernier n'est pas fasciste, mais libertarien, une forme d'anarchisme de droite, et il a même eu des sympathies socialisantes dans les années trente. Ensuite, n'a-t-il pas écrit En Terre étrangère — qui fut l'un des livres de chevet des Merry Pranksters, précurseurs des hippies ? Enfin, sur le plan de l'écriture et de la technique littéraire, c'est un auteur important, voire fondamental, qui a marqué plusieurs générations d'écrivains — dont notamment celle de Spinrad, qui n'a pu éviter d'être influencé par celui dont on disait qu'il était l'auteur de SF par excellence.


pdf568-1996.jpgDans Le Printemps russe, cette influence de Heinlein est évidente. Laissons de côté l'aspect idéologique pour nous inétresser aux thèmes et personnages. la façon dont Spinrad décrit la colonisation spatiale — avec sérieux et réalisme — n'est pas sans rappeler les meilleures pages prospectives de L'Histoire du Futur, même si près d'un demi-siècle sépare les deux œuvres. De même, choisir de mettre en scène des adolescents en voie de devenir adultes rappelle la démarche de Heinlein dans ses juveniles. Et puis, il y a cette limpidité d'écriture, cette clarté dans les decsriptions psychologiques qu'on aimerait voir plus souvent dans des ouvrages de SF…


foliosf008.jpgParler au sujet du Printemps russe d'un "Autant en emporte le vent de la Grande Europe en marche", comme le fait le quatrième de couverture, n'est qu'un argument publicitaire vain qui peut induire le lecteur en erreur. On est loin du romantisme puéril du roman de Margaret Mitchell. Le Printemps russe, ce serait plutôt une sorte de fusion parfaitement réussie entre les thèmes spinradiens habituels, l'amorce d'un nouvel état du monde ert une vision post-heinleinienne de l'avenir de l'espèce humaine. À ce titre, la chute, quoique surprenante, entre dans le cadre d'une logique implacable, posée dès les premières pages.


Constat de la dégradation des U$A — un grand pays gouverné par des imbéciles ou des criminels, voire les deux — et de l'émergence d'un renouveau intellectuel en Europe, Le Printemps russe , en balayant les clichés usagés dont on nous rebat les oreilles depuis la chute du Mur de Berlin, a le mérite de présenter une vision du XXIe siècle d'une lucidité rare.



Roland C. Wagner

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