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Les Rois des étoiles (Star Kings, 1949), Retour aux étoiles (Return to the Stars, 1970) — J’ai Lu SF. Les Loups des Étoiles (The Weapon from Beyond, 1967 ; The Closed Worlds, 1968 ; World of the Starwolves, 1968) — Folio SF.
Ceux de la légion (The Legion of Space, 1934 ; The Cometeers, 1936 ; One Against the Legion, 1939) — Le 'Bélial.
Le Monde du Non-A (The World of Null-A, 1945), Les Joueurs du Non-A (The Pawns of Null-A, 1949) — J’ai Lu SF.
Fondation (Foundation, 1942), Fondation et Empire (Foundation and Empire, 1945), Seconde Fondation (Second Foundation, 1950) — Denoël, « Présence du Futur ».
L’Âge des étoiles (Time for the Stars, 1956), Citoyen de la galaxie (Citizen of the Galaxy, 1957), Le Vagabond de l’espace (Have Space Suit, Will Travel, 1958) — Pocket SF.
Au carrefour des étoiles (Way Station, 1963) — J’ai Lu.
La Geste des Princes-Démons : Le Prince des étoiles (The Star King, 1964), La Machine à tuer (The Killing Machine, 1964), Le Palais de l’Amour (The Palace of Love — 1967), Le Visage du Démon (The Face, 1979), Le Livre des rêves (The Book of Dreams, 1981) — Le Livre de Poche SF.





Samuel Delany
Babel 17 (Babel 17, 1966) — J’ai lu.
Nova (Nova, 1968) — J’ai lu.
Lorq von Ray désire plonger au cœur d’une nova pour y recueillir l’illyrion — métal transuranique nécessaire à la propulsion des astronefs — qui s’y forme. Il a pour allié La Souris, une sorte de vagabond des étoiles, et pour ennemi Prince Reed, tout aussi riche et puissant que lui-même. Mais derrière ce grand space opera se dissimule une allégorie — avouée — de la quête du Graal, et Jacques Sadoul, dans son Histoire de la Science-Fiction moderne compare à juste titre l’obsession de Lorq von Ray à celle du capitaine Achab de Moby Dick. Babel 17 comporte lui aussi plusieurs niveaux de lecture : le sujet du livre est moins la guerre spatiale qui oppose la Terre à de mystérieux envahisseurs que la nature du langage employé par ces derniers — un langage qui peut vous transformer en un ennemi de votre propre camp.
Fred Saberhagen
Série des Berserkers : 2 volumes (1967-1985) — L’Atalante.La guerre stellaire est finie depuis longtemps… mais les Berserkers, des vaisseaux robotisés, hantent toujours les profondeurs de l’espace, continuant à mener le combat contre les humains. La série aurait pu n’être qu’une chronique d’un déminage aux dimensions de la Galaxie, mais elle s’est hissée, au fil des récits, au niveau d’un combat mythique entre le vivant et le mécanique. Si Saberhagen n’a jamais été considéré comme un des « grands » de la SF, l’idée des Berserkers a exercé une influence sur des auteurs plus modernes comme Benford ou Banks.

Série Dumarest : 32 volumes (1967-1985) — Vaugirard.
Dumarest, « l’homme qui cherche le chemin de la Terre », voyage de monde en monde, affrontant le Cyclan dont les prêtres cyborgs cherchent à étendre sans cesse leur pouvoir. Une grande saga d’aventures riche en paysages extraterrestres et en sociétés baroques, que traversent des personnages féminins fascinants et attachants. Il est rare qu’une série aussi longue maintienne jusqu’au bout un tel niveau de qualité.
Roger Zelazny
L’Île des morts (Isle of the Dead — 1970) — J’ai lu.
Le richissime immortel Francis Sandow, dernier survivant du vingtième siècle, est le seul être humain à être entré dans la confrérie des Faiseurs de Monde, dont tous les autres membres appartiennent à la race extraterrestre des Pei’ens. Des personnages de son passé ayant été ressuscités sur l’Ile des Morts, l’une de ses créations, il cherche à savoir qui en est responsable. Le roman s’achève sur un combat de divinités tout à fait impressionnant. Comme chez Delany, une lecture à plusieurs niveaux est possible, comme l’indique par exemple le nom donné aux extraterrestres, qui rappelle irrésistiblement le terme « païens ».

Larry Niven
L’Anneau-Monde (Ringworld — 1970), Les Ingénieurs de l’Anneau-Monde (Ringworld Engineers — 1980) — J’Ai Lu.La grande popularité de Niven dans le lectorat de SF n’a pas franchi l’Atlantique ; ces deux romans ne sont que deux des quelques fragments traduits de son univers du N-Space, peuplé de races exotiques telles qu’on en imaginait vingt ans avant, mais exploré avec une rigueur toute mathématique. Dans L’Anneau-Monde, des créateurs depuis longtemps disparus ont remodelé un système stellaire entier pour remplacer les planètes par un ruban de matière en orbite autour de son soleil. Démesure et hard science, donc.
Zodiacal (Macroscope — 1969) — Opta “Anti-Mondes”.
Série Constellations : Silex ou le Messager (Cluster — 1977), Mélodie ou la Dame enchaînée (Chaining the lady — 1978), Hérald ou la Quête Kirlian (Kirlian Quest — 1978), Millétoile (Thousandstar — 1980) — L’Atalante.
Zodiacal mêle hard science et astrologie dans un tourbillon qui ne laisse pas un instant le lecteur en repos. Ce roman énorme et ambitieux constitue une incroyable escalade dans la démesure, avec agrandissement perpétuel du champ en un impressionnant zoom arrière. Ne laissez pas échapper ce chef-d’œuvre méconnu si vous le voyez passer ; il procure un authentique sentiment de vertige. La série Constellations est elle aussi très intéressante, même si l’originalité y paraît un peu plus forcée que dans Zodiacal. Vous y rencontrerez quelques-uns des extraterrestres les plus bizarres jamais produits par la SF et vous y découvrirez leurs mœurs sexuelles tirées par les cheveux.
John Varley
Les Huit Mondes : Le Canal ophite (The Ophiuchi Hotline — 1977), Persistance de la vision (The Persistence of Vision — 1978) — Folio SF. Le Système Valentine (The Golden Globe — 1998) — Denoël « Lunes d’Encre ».Trilogie de Gaïa : Titan (Titan — 1979), Sorcière (Wizard — 1980), Démon (Demon — 1984) — Folio SF.
Varley a étendu aux dimensions du système solaire une société très californienne dans sa recherche du plaisir, où l’on peut changer de sexe et de corps presque à volonté. Pourtant, l’espace reste toujours présent : la Terre étant interdite aux humains par des envahisseurs invincibles, il faut vivre dans des habitats artificiels sur Mars, la Lune ou les satellites lointains… et la technologie qui rend tout cela possible a été inspirée par les transmissions interstellaires reçues sur le Canal ophite.
C’est dans la trilogie de Gaïa, située à l’intérieur d’un gigantesque artefact, que Varley se lance dans les aventures les plus débridées, qui ressemblent parfois à Indiana Jones revu et corrigé par Tex Avery. Mais il s’agit plutôt de planet opera. Varley est revenu aux Huit Mondes depuis quelques années ; Gens de la Lune témoignait de préoccupations plus tournées vers l’intérieur, mais sa suite Le Système Valentine est à nouveau un roman de voyage interplanétaire picaresque et de choc de cultures — et bien d’autres choses à la fois : exploration d’une psychologie désaxée, jeu éblouissant sur la culture cinématographique et shakespearienne…
Dans l’Océan de la nuit (In the Ocean of Night — 1978), A travers la mer des soleils (Across the Sea of Suns — 1984) — Denoël « Lunes d'Encre ». La Grande Rivière du ciel (Great Sky River — 1987), Marées de lumière (Tides of Light — 1989), Les Profondeurs Furieuses (Furious Gulf — 1994) — Le Livre de Poche SF.L’Ogre de l’espace (Eater — 2000) — Presses de la Cité.
Chercheur en physique, Benford accorde une grande importance à la vraisemblance scientifique — ne pas le faire serait, selon lui, « jouer au tennis avec le filet baissé ». Pas question, donc, que les vaisseaux dépassent la vitesse de la lumière, et l’on ne sera pas surpris de le voir prendre la suite d’Arthur C. Clarke avec, par exemple, l’artefact mystérieux dont l’arrivée ouvre Dans l’Océan de la nuit. Si le deuxième volume constitue une suite au premier, il fournit aussi un cadre beaucoup plus vaste, celui d’une lutte galactique entre formes de vie organique et mécanique, qui se prolonge dans un futur beaucoup plus lointain au fil des ouvrages suivants, dont les protagonistes sont les derniers descendants d’une humanité largement mécanisée.
Les autres romans majeurs de Benford concernent la vie des scientifiques dans un cadre contemporain, ce qui n’empêche pas les occasionnelles intrusions de l’espace profond : voir L’Ogre de l’Espace, où un envahisseur d’une nature extraordinaire bouleverse notre système solaire dans un futur très proche.

Série de l’Élévation : Jusqu’au cœur du Soleil (Sundiver — 1980) — Le Livre de Poche SF. Marée stellaire (Startide Rising — 1983), Élévation (The Uplift War — 1987), Rédemption-1 : Le Monde de l’exil, Rédemption-2 : Le Monde de l’oubli (Brightness Reef — 1995), Rédemption-3 : Le chemin des bannis, Rédemption-4 : Les rives de l’infini (Infinity’s Shore — 1996) Rédemption-5 : Le grand Défi (Heaven’s Reach — 1998) — J’ai Lu.Malgré sa formation d’astrophysicien qui l’empêche d’écrire des absurdités sur le plan scientifique, David Brin a été l’un des artisans du retour du space opera naïf, bourré d’aventure et de foi en l’humanité. Dans l’univers de l’Élévation, toutes les races doivent leur accès à l’intelligence à l’aide d’une race mentor — sauf les Terriens, qui ont même poussé l’originalité jusqu’à devenir eux-mêmes des mentors en « éduquant » leurs alliés dauphins et chimpanzés. Et les peuples les plus anciens brûlent de faire payer leur insolence à ces parvenus… À ne pas prendre au sérieux, parfois trop long — le troisième volume —, parfois vraiment trop long et par trop gamin — les volumes suivants — mais terriblement amusant à ses meilleurs moments.
Schismatrice+ (Schismatrix — 1985) — Folio SF.Annoncé par quelques nouvelles, ce roman explore sur une plus grande échelle un futur où l’humanité s’est séparée en deux factions : les Mécas se transforment en cyborgs, les Morphos ne jurent que par l’ingénierie génétique. Ils peuplent une étonnante variété d’habitats dans le système solaire, et luttent aussi bien sur le plan de l’intrigue politique que celui de la compétition économique, en se disputant les interventions des mystérieux extra-terrestres que l’on a appelé les Investisseurs.
Hypérion (Hyperion — 1989), La Chute d'Hypérion (The fall of Hyperion — 1990), etc. — Pocket SF.Auteur d’horreur avant tout, Simmons doit sa présence ici à une série dont l'étonnant premier volume, Hypérion, voit un groupe de pélerins de l’espace se rendre sur la planète éponyme où sévit le cruel et mystérieux Gritche, chacun ayant naturellement son propre but. Ce demi-roman, qui retrace la vie de chacun des voyageurs à travers une série de pastiches — chaque histoire adoptant un cadre bien différent au sein de la civilisation interstellaire humaine —, représente une si éblouissante démonstration que la déception n'en est que plus vive face au confus magma narratif de La Chute d'Hypérion, où le postmodernisme affiché de l'auteur apparaît pour ce qu'il est : une vaste opération de recyclage.
Un Feu sur l’abîme (A Fire upon the deep — 1992) — Le Livre de Poche SF. Au tréfonds du ciel (A Deepness in the Sky — 1999) — Robert Laffont.Vernor Vinge est longtemps resté un auteur mineur dans l’ombre de son ex-épouse, Joan. Sa formation de mathématicien et informaticien lui a permis d’introduire des idées astucieuses, et son long récit « True Names » est considéré comme un des précurseurs les plus sérieux du cyberpunk. Après des romans de voyage dans le temps originaux, il a connu le succès (deux prix Hugo) avec deux romans situés dans un même univers galactique démesuré, où la difficulté de communication tient à l’abondance de l’information, où le voyage interstellaire sert à répandre la technologie via le commerce de la gratuité — on pense à Poul Anderson ou à James Blish. A noter, malgré des intrigues parfois un peu naïves, la création de races extraterrestres d’une grande originalité, comme les Meutes d’Un Feu sur l’Abîme, qui ne sont intelligentes qu’à partir de la réunion de quatre individus ressemblant à des chiens.
Iain M. Banks
Cycle de la Culture : Une Forme de guerre (Consider Phlebas — 1987), L'Homme des jeux (The player of games — 1988), L'Usage des armes (Use of weapons — 1990), Excession (Excession — 1996), Inversions (Inversions — 1999) — Le Livre de Poche SF. Le Sens du vent (Look to Windward — 2000) — Robert Laffont & Le Livre de Poche.Quand il signe Iain Banks sans initiale centrale, c’est un des jeunes auteurs les plus respectés de la littérature britannique, quand il ajoute le M., il pratique la SF avec une démesure qui serait parodique si elle ne lui avait valu un enviable succès commercial, faisant de lui l'un des pères du « nouveau space opera » d'Outre-Manche. La Culture, anarchie bienveillante pour ses citoyens, civilisation qui vit dans une telle abondance qu’elle a pu sans problème abolir la propriété privée, peu faire preuve d’un hégémonisme bien intentionné vis-à-vis des civilisations moins avancées qu’elle rencontre dans la Galaxie. Racontés avec une insolente débauche d’effets littéraires, les romans de la Culture de Banks se résument souvent à une idée force : toute guerre est aussi abominable qu’inutile. Au passage, l’auteur aura quand même aligné les récits de combats et les descriptions d’ahurissante technologie militaire. Et des pages d’humour et d’invention débridée. La formule est avouée, mais l’exécution si virtuose qu’on ne s’en lasse pas.
On peut d’ores et déjà affirmer le statut de classique de Banks au vu des émules qu’il a déjà suscités ; le plus intéressant est sans doute Ken Macleod, un autre Écossais qui construit un futur anarchiste sur Terre et dans l’espace (et ne recule jamais devant une discussion de théorie politique entre ses protagonistes).

L'Aube de la nuit (Night's Dawn — 1996-1999) — Robert Laffont & Pocket SF.Peter F. Hamilton donne sans contestation possible dans la démesure avec les quelques 3500 pages de cet énorme roman découpé en un nombre variable de volumes selon les éditions. Sur un thème assez bateau de fantastique horrifique — les morts reviennent pour posséder les corps des vivants —, il construit une saga interstellaire vigoureuse et pleine d'astuce dans un univers solidement construit, quoique parfois un peu simpliste sur le plan de la vision politique, qui recourt trop facilement aux analogies. Mêlant aventures, hard science et military fiction, Hamilton se range du côté du néo-classicisme plutôt que du post-modernisme, ce dont témoigne la sous-utilisation manifestement volontaire de morts célèbres parmi ceux qui réussissent à revenir ; mais peut-être n'est-ce qu'une manière de se démarquer de Philip José Farmer et de son Monde du Fleuve.

L'Espace de la révélation (Revelation Space — 2000), La Cité du gouffre (Chasm city — 2001), Diamond Dogs, Turquoise Days (Diamond Dogs, Turquoise Days — 2003) — Pocket SF. L'Arche de la rédemption (Redemption Ark — 2002) Le Gouffre de l'absolution (Absolution Gap — 2003) — Presses de la Cité.Cette saga, qui compte déjà cinq gros volumes en Grande-Bretagne, est un exemple parfait de space opera moderne — ni néo-classique, ni post-moderne. Pas de décor exotique à proprement parler : on n'est plus dans la littérature coloniale. Il y a bien des extraterrestres, mais ils restent énigmatiques, ou pire encore : ils sont morts. Quant à l'expansion, ce n'est ni une conquête, ni une aventure, mais un processus long et difficile. La Cité du gouffre, quoique censée être à la pointe de la civilisation, est presque détruite par une maladie qui s'attaque aux nanomachines ; les dauphins embarqués à bord des premiers vaisseaux — qui mettent des générations à atteindre leur destination — perdent la raison… Reynolds utilise des développements récents des technosciences, mais rien n'est simple, ni facile. Seul bémol : l'omniprésence de la guerre sans que l'auteur n'ait un discours sur ce qu'il semble considérer comme un élément intrinsèque de toute civilisation humaine, les conflits entre personnes étant à la base de presque toute l'intrigue — laquelle se déroule néanmoins à une échelle véritablement cosmique. Pour peu qu'on se soit laissé prendre par les deux premiers volumes, on veut savoir comment tout ça finira.
Un grand merci à Sylvie Denis pour ses notes au sujet d'Alastair Reynolds.







